lundi 14 septembre 2015

Rémunération des dirigeants : il y a urgence à responsabiliser la gouvernance d’entreprise



La polémique autour des conditions de départ du Directeur Général d’Alcatel n’en finit plus. Pour la CFE-CGC, il est aussi urgent que crucial de résoudre la crise de la rémunération des dirigeants si l’on veut réconcilier les salariés et les citoyens avec l’entreprise. Et c’est bien de gouvernance qu’il s’agit.

Après un ministre fustigeant un départ avant finalisation de la fusion avec Nokia et les critiques de l’Autorité des Marchés Financiers, le Haut Comité du gouvernement d’entreprise de l’AFEP-MEDEF n’a pas hésité à s’opposer aux conditions de départ du DG d’Alcatel. Ces critiques ont été telles que le conseil d’administration d’Alcatel a revu sa copie. Le conseil d’Altice devrait s’en inspirer et s’interroger sur la pertinence du golden hello qu’il lui offre.

Pour la CFE-CGC, cet accès de fièvre met en exergue les problèmes de gouvernance que pose la rémunération des dirigeants. Cette polémique n’est pas sans rappeler celle qui a entouré la prime de bienvenue de plusieurs millions d’euros attribuée au DG de Sanofi comme celle de la prime du patron d’Alstom en cas de succès de la transaction avec General Electric.

Ces polémiques récurrentes illustrent la financiarisation et la déconnection de la gouvernance des entreprises, privilégiant la valeur actionnariale via la course au cours de bourse et aux dividendes, quitte à sacrifier investissement industriel et innovation. Et les dirigeants qui se font octroyer des primes n’ayant parfois rien à voir avec la réalité de leur travail ou de leur performance prennent le risque de perdre toute crédibilité managériale auprès de salariés auxquels on impose sacrifices et restructurations douloureuses.

Au moment où la confiance et la qualité du dialogue social sont essentielles au redressement du pays, nous sommes loin de l’exigence d’équité et de solidarité pourtant préconisée dès 2003 par Xavier Fontanet. L’autorégulation et la transparence vantées par le code AFEP MEDEF ne suffisent donc plus.

Pour la CFE-CGC, seule une gouvernance plus responsable car connectée à la réalité de l’entreprise, soucieuse du long terme, intégrant la diversité des risques et dépassant l’horizon souvent étriqué de la seule performance financière, peut permettre d’éviter ces dérives.


Le combat pour la gouvernance exemplaire est d’autant plus crucial qu’il participe à la réconciliation des salariés et des citoyens avec l’entreprise et plus globalement à la confiance. Dans ce combat, les administrateurs salariés constituent à l’évidence un véritable atout de gouvernance, un plus pour que les comités de rémunération défendent l’exemplarité sociale de l’entreprise et évitent toute dérive et autres « petits arrangements entre amis ».

Au moment où la qualité et la modernisation du dialogue social sont dans tous les esprits, la CFE-CGC demande donc à la nouvelle Ministre du Travail de saisir l’élan initié au printemps par la loi Rebsamen pour aller plus loin dans l’amélioration de la gouvernance d’entreprise et de s’inspirer du modèle allemand dit de codétermination pour renforcer la participation des salariés.

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