La polémique autour des
conditions de départ du Directeur Général d’Alcatel n’en finit plus. Pour la
CFE-CGC, il est aussi urgent que crucial de résoudre la crise de la
rémunération des dirigeants si l’on veut réconcilier les salariés et les
citoyens avec l’entreprise. Et c’est bien de gouvernance qu’il s’agit.
Après
un ministre fustigeant un départ avant finalisation de la fusion avec Nokia et
les critiques de l’Autorité des Marchés Financiers, le Haut Comité du
gouvernement d’entreprise de l’AFEP-MEDEF n’a pas hésité à s’opposer aux
conditions de départ du DG d’Alcatel. Ces critiques ont été telles que le
conseil d’administration d’Alcatel a revu sa copie. Le conseil d’Altice devrait
s’en inspirer et s’interroger sur la pertinence du golden hello qu’il lui
offre.
Pour
la CFE-CGC, cet accès de fièvre met en exergue les problèmes de gouvernance que
pose la rémunération des dirigeants. Cette polémique n’est pas sans rappeler
celle qui a entouré la prime de bienvenue de plusieurs millions d’euros
attribuée au DG de Sanofi comme celle de la prime du patron d’Alstom en cas de
succès de la transaction avec General Electric.
Ces
polémiques récurrentes illustrent la financiarisation et la déconnection de la
gouvernance des entreprises, privilégiant la valeur actionnariale via la course
au cours de bourse et aux dividendes, quitte à sacrifier investissement
industriel et innovation. Et les dirigeants qui se font octroyer des primes
n’ayant parfois rien à voir avec la réalité de leur travail ou de leur
performance prennent le risque de perdre toute crédibilité managériale auprès
de salariés auxquels on impose sacrifices et restructurations douloureuses.
Au
moment où la confiance et la qualité du dialogue social sont essentielles au
redressement du pays, nous sommes loin de l’exigence d’équité et de solidarité
pourtant préconisée dès 2003 par Xavier Fontanet. L’autorégulation et la
transparence vantées par le code AFEP MEDEF ne suffisent donc plus.
Pour
la CFE-CGC, seule une gouvernance plus responsable car connectée à la réalité
de l’entreprise, soucieuse du long terme, intégrant la diversité des risques et
dépassant l’horizon souvent étriqué de la seule performance financière, peut
permettre d’éviter ces dérives.
Le
combat pour la gouvernance exemplaire est d’autant plus crucial qu’il participe
à la réconciliation des salariés et des citoyens avec l’entreprise et plus
globalement à la confiance. Dans ce combat, les administrateurs salariés
constituent à l’évidence un véritable atout de gouvernance, un plus pour que
les comités de rémunération défendent l’exemplarité sociale de l’entreprise et
évitent toute dérive et autres « petits arrangements entre amis ».
Au moment où la qualité
et la modernisation du dialogue social sont dans tous les esprits, la CFE-CGC
demande donc à la nouvelle Ministre du Travail de saisir l’élan initié au
printemps par la loi Rebsamen pour aller plus loin dans l’amélioration de la
gouvernance d’entreprise et de s’inspirer du modèle allemand dit de
codétermination pour renforcer la participation des salariés.