dimanche 9 décembre 2012

Pourquoi ArcelorMittal a retiré le projet ULCOS du programme européen NER300 ?

Le 5 décembre, ArcelorMittal a retiré le projet ULCOS du programme de recherche européen NER300 (New Entrants Reserve : 300 M€ potentiellement alloués aux projets retenus) (cf. courrier adressé à la Commission Européenne le 5 décembre), ce qui a été confirmé
par ce communiqué ArcelorMittal :

Ce qui a été annoncé par la Commission Européenne est en parfaite cohérence avec ce qui figure dans  l’accord signé avec le gouvernement français.
Cela ne signifie en aucun cas l’abandon du projet ULCOS. Cela signifie qu’aujourd’hui, dans l’état actuel des recherches, étant données les difficultés techniques rencontrées, le projet ULCOS remis dans le cadre de l’appel d’offre NER 300 – phase 1 – ne peut être mis en place.
Le Groupe rappelle sa volonté de poursuivre le projet de recherche et de validation technologique en
s’appuyant notamment sur l’expertise et le savoir-faire de son centre de recherche de Maizières-lès-
Metz. Cette phase de recherche constituera une nouvelle étape de développement indispensable dans
une perspective future d’industrialisation de cette technologie innovante.

Pour la CFE-CGC, cette décision est effectivement en « cohérence » avec l’accord signé le 30  novembre entre le Gouvernement et ArcelorMittal :

Point 4 de l’accord ArcelorMittal – Gouvernement français : Le projet Ulcos reste un projet important pour sévelopper de nouvelles solutions mieux adaptées aux enjeux du changement climatique. AM a été le leader du projet de R&D et continue à être actif sur ce projet. Le projet de démonstrateur industriel sur Florange a été totalement étudié et fait l’objet d’un rapport au Consortium. L’état actuel des résultats de la recherche ne permet pas de passer directement sur le démonstrateur industriel de Florange qui a fait l’objet d’une demande de subvention à l’Europe(NER300). AM va proposer au Consortium de continuer à travailler sur le projet de recherche et de validation technologique en s’appuyant notamment sur l’expertise du centre R&D de Maizières-lès-Metz. Ceci permettra de poursuivre le développement de cette nouvelle technologie qui nécessitera des phases importantes de validation technologiques intermédiaires.

Mais, si la décision est « logique », suivant le raisonnement d’ArcelorMittal d’arrêter définitivement la filière liquide de Florange, pourquoi alors utiliser un motif lié à des « difficultés techniques », alors que la vérité est ailleurs ?
Il reste effectivement des solutions techniques à apporter concernant le procédé de réchauffage du monoxyde de carbone et la technologie d’injection (tuyères) de ce monoxyde de carbone dans le haut fourneau. Mais, pour la CFE-CGC, si le consortium ULCOS ou ArcelorMittal donnait les moyens suffisants aux équipes ULCOS, des solutions techniques seraient trouvées dans un délai compatible avec l’implémentation du projet ULCOS, dont les travaux, auraient du s’échelonner sur une durée d’environ 2 ans.

Si ArcelorMittal n’a pas, dans cette période économiquement très difficile, le cash pour financer ULCOS, qu’il le dise !
Si le projet n’est actuellement plus rentable compte-tenu du prix de la tonne de CO2, qu’il le dise !
Si le financement du projet n’étaient pas totalement bouclé [les financements publics (Commission Européenne + aides françaises) ne peuvent excéder 50% selon les règles européennes d’un coût total d’environ 620/640 M€], qu’il le dise !

Cette décision, pour la CFE-CGC, n’est pas honnête intellectuellement parlant. Elle génère dans les équipes ULCOS frustration, amertume et colère !

  • La CFE-CGC demande maintenant à ArcelorMittal d’expliquer en quoi consiste ce projet ULCOS 2 ? Est-ce une version « canada dry light » d’ULCOS ? Projet qui ressemblerait à ULCOS, dans une version démonstrateur industriel, sans être considéré comme outil de production ?
  • Quid du devenir du consortium ULCOS ? Comment vont réagir les partenaires ? Ont-ils été informés préalablement de la décision d’ArcelorMittal ?

La séance plénière du Comité d’Entreprise Européen, les 19 et 20 décembre, serait une occasion de répondre à ces questions !

COMMUNIQUÉ DE PRESSE DU GOUVERNEMENT (6 décembre) :

Ainsi qu’il l’a exposé hier à l’intersyndicale de Florange, le Premier ministre confirme que parmi les engagements pris par ArcelorMittal figure celui de reprendre et poursuivre le projet ULCOS. Ainsi que l’avait relevé le rapport de M.Pascal Faure, le projet tel qu’il avait été présenté à la Commission européenne dans sa première version se heurte à des difficultés techniques qui nécessitent une phase complémentaire de recherche. ArcelorMittal a donc informé la Commission de l’impossibilité de conduire ce premier projet à son terme. Mais le groupe s’est engagé à poursuivre ce projet et donc à investir dans cette nouvelle phase de recherche, qui s’appuiera sur le centre recherchedéveloppement de Maizières-lès-Metz. L’Etat continuera à soutenir et à accompagner ce projet, grâce aux 150 millions d’euros prévus au programme des investissements d’avenir. L’objectif reste de réaliser un démonstrateur industriel. La Commission a été informée du renouvellement de l’engagement de l’Etat et d’ArcelorMittal sur ce projet et a indiqué qu’ULCOS pourra concourir à un prochain appel d’offres.


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