vendredi 23 novembre 2012

ArcelorMittal Florange : Lettre au Ministre du Redressement Productif

Monsieur le Ministre,

Le 21 novembre devant les députés, puis devant les sénateurs le 22 novembre, vous avez évoqué une possibilité de prise de contrôle temporaire de l’usine ArcelorMittal de Florange par l’Etat, avant une probable revente à un « opérateur industriel ».
Nous ne disposons que de très peu d’informations sur ce projet, aussi, avant que nous ne puissions donner un avis motivé, nous souhaitons obtenir des réponses à nos interrogations.

Sur l’opérateur industriel

S’agit-il d’un industriel, d’un investisseur financier ou d’une entreprise sidérurgique ?
Dispose t-il d’une R&D à l’échelle des enjeux du site de Florange sur les marchés automobile, packaging, électroménager notamment ?
Dans l’hypothèse où ce serait un sidérurgiste, dispose t-il de sources d’approvisionnement en matières premières (minerais de fer, charbon) ? Si oui, la qualité de ces matières premières (teneur en fer, en phosphore pour le minerai, teneur en volatils pour le charbon en particulier) est-elle compatible avec le process d’élaboration de nos outils (agglomération, cokerie, hauts-fourneaux et aciérie) ?

Solidité financière de l’opérateur

Le rapport FAURE faisait apparaître la nécessité d’investir entre 450 et 600 M€ sur 5 ans pour remettre à niveau les installations du site.
La situation financière du repreneur est-elle suffisamment saine pour assurer à Florange les investissements nécessaires, après avoir racheté l’usine à l’Etat ?
Quel est son endettement ? Son ratio endettement/fonds propres ? L’EBITDA dégagé en 2011 ? Au 1er semestre 2012 ?

Sur le périmètre de l’opération


Lors de la remise du rapport, le 27 juillet, Monsieur Pascal FAURE avait, oralement, précisé que dans la solution « locale Florange », il entendait l’ensemble de l’aval de Florange, à savoir les usines de Florange, Mouzon et Dudelange. Aujourd’hui, nous avons simplement compris que le périmètre était « plus large » que la seule filière liquide.
Quel est le périmètre de l’opération envisagée ?
    - Florange ?
    - Florange + Mouzon ?
    - Florange + Mouzon + Dudelange ?
Dans l’hypothèse de la reprise de l’usine de Florange seule, le repreneur dispose t-il de ligne de revêtement permettant de compenser la perte des productions des sites de Mouzon et Dudelange (1,3 Mt/an de capacité de produit) ?

Carnet - Capacité de production


La capacité de production du Train à Chaud de 3,2 Mt/an.
Le record de production de l’aciérie de Florange est de 2,2 Mt/an, ce qui ne correspond qu’à 60% de la capacité du Train à Chaud.
Le repreneur dispose t-il de capacité de production de brames permettant d’augmenter la marche du train à chaud ?
Pour des raisons métallurgiques, certains produits (aciers pour boîtes boisson DWI, aciers auto de type Baked Hardening) ne peuvent pas être élaborés sur la machine de coulée continue de Florange de type courbe. Le repreneur dispose t-il d’une machine de coulée continue verticale-courbe permettant au site de Florange de continuer à produire ce type d’aciers ?

Brevet - Licence

Le repreneur dispose t-il de brevets, licences lui permettant d’accéder au marché actuel de Florange, marché automobile allemand (extragal et usibor en particulier) ?
Dans une hypothèse de réquisition, le gouvernement pense-t-il obtenir par la voie législative l’accès aux brevets ArcelorMittal ?
Dans un tel schéma, comment vont évoluer les relations commerciales entre Florange et ses clients ?

Alors que nombre d’interlocuteurs donnent leur avis sur l’avenir du site de Florange, nous regrettons que, jusqu’à présent, personne n’ait interrogé les salariés, qu’ils soient de la filière  liquide ou des autres outils de production.
Nous vous remercions de l’attention toute particulière que vous accorderez à cette lettre et des réponses que vous voudrez bien nous fournir.

Veuillez agréer, Monsieur le Ministre, l’expression de notre considération distinguée.

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