La Commission
européenne doit présenter aujourd'hui une brève communication sur l'industrie
sidérurgique européenne. Le document, consulté par « La Correspondance
économique », fait un bref bilan de la crise que traverse actuellement le
secteur, mais n'esquisse pas de réelle piste de réforme. « C'est d'abord la
responsabilité de l'industrie elle-même de s'adapter et d'innover pour répondre
aux défis qui l'attendent », souligne au contraire la conclusion du document.
Selon la Commission,
l'industrie sidérurgique européenne représente un chiffre d'affaires annuel de
166 milliards d'euros, et représente 1,3 % du PIB de l'UE. En 2015, il a créé
328 emplois directs. Néanmoins, la position « compétitive » de l'UE s'est
détériorée depuis 2014. La faute en revient principalement à la Chine, dont la production
a augmenté « de façon spectaculaire », tandis que sa demande intérieure
baissait en raison du ralentissement économique. Toujours selon la Commission,
Pékin produit actuellement 350 millions de tonnes d'acier par an, soit environ
deux fois plus que l'UE. « En trois ans, les importations d'acier depuis la
Chine ont bondi (...) et le prix de certains produits s'est écroulé de 40 % »,
conclut l'exécutif européen.
Mais, si le constat
est clair, les pistes d'actions sont très limitées, pour la Commission
européenne. Elle pourrait, en théorie, proposer des améliorations des
instruments de défense commerciaux européens. Mais, comme elle le rappelle
elle-même, sa précédente proposition en la matière est coincée depuis 2013 au
sein du Conseil de l'UE, où certains
Etats s'y opposent catégoriquement.
Concernant les
investissements, le budget communautaire est limité, et ne permet pas de
débloquer des fonds exceptionnels pour le secteur. L'exécutif européen pointe
donc vers les fonds déjà en place, par exemple le Fonds européen pour les
investissements stratégiques (le « Plan Juncker d'investissement » lancé en
2015), le fonds d'ajustement à la globalisation, ou encore les fonds
structurels attribués sur une base pluri-annuelle à tous les Etats membres. Seule
possibilité d'action, la Commission peut imposer des mesures de défense
commerciale au cas par cas, par exemple des droits anti-dumping. 37 mesures
sont actuellement en place, dont 16 à rencontre de la Chine.
L'exécutif précise
avoir accéléré le rythme d'imposition de ces mesures, avec 5 nouvelles en 2014
et 7 en 2015 (cf. CE du 15/02/2016). En parallèle, des groupes de travail
bilatéraux ont été mis en place avec la Chine, le Japon, l'Inde, la Russie, la
Turquie et les Etats-Unis. Concernant la Chine, un travail est bien sûr en
cours sur la question de son accession au statut d'économie de marché - statut
qui rendrait plus compliqué le calcul des droits anti-dumping à son égard (cf.
CE du 12/02/2016).
Une résolution du
Parlement européen, adoptée en octobre dernier, proposait d'agir sur le régime
d'échange des droits d'émission de C02 et sur le prix de l'énergie. Dans son
document, la Commission écarte la première option, référant à sa dernière
proposition en la matière. Elle n'exclut pas une action sur le prix de
l'énergie, mais seulement dans le cadre de son projet d'« Union de l'énergie ».
« Ce document signe la mort de l'industrie sidérurgique européenne », tempête
un spécialiste du secteur, pour qui une intervention publique marquée est
décisive pour secourir le secteur. « Le fait que la Commission européenne fasse
une communication est un bon signe, cela montre qu'elle a compris l'ampleur de
la crise », relativise un représentant du secteur privé. « Mais, bien sûr,
c'est assez décevant de voir qu'elle n'y propose rien de nouveau. »
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